Quand on aime quelqu’un, on est sévère avec lui, on l’aime voir toujours au meilleur de sa forme et on aime le voir gagner surtout quand il a le talent. C’est le cas de Ons Jabeur, une joueuse au rang des championnes, mais qui a manqué de quelque chose pour monnayer son talent et son potentiel.Sur ce Roland-Garros 2023, la participation de Ons Jabeur est certainement honorable, compte tenu de deux choses : d’abord parce qu’elle revient de blessure et de deux parce qu’à ce niveau et pour un grand chelem le quart de finale est une réalisation honnête. Mais en même temps, le scénario avec lequel elle a perdu, devant une respectable Haddad Maïa, nous dit bien des choses. Ce sont toujours ces détails, ces erreurs mentales et ce manque de lucidité qui empêchent Ons d’aller encore plus loin. Pour une joueuse qui a le meilleur poignet du circuit (une diversité technique qu’on ne trouve nulle part), elle a tout pour gagner un grand chelem. Mais à chaque fois, le mental, le physique lâchent comme à la fin du second set où elle était à deux doigts de l’emporter. Ce qu’elle a atteint en tennis restera mémorable, Ons Jabeur est aujourd’hui quelqu’un qui force le respect et suscite l’admiration par son tennis «décalé» et par sa générosité. Mais en même temps, nous sommes frustrés de la voir rater des matches à sa portée. Quand on peut, on doit le faire, quand on a un talent comme celui de Ons, il faut être déçu et frustré même quand elle atteint les quarts de finale d’un grand chelem. Ceux et celles qui l’aiment vraiment doivent aller au-delà des réflexes émotionnels et subjectifs et arrêter d’attaquer, avec insolence même, ceux qui critiquent Ons Jabeur. C’est une championne, on l’a dit et on le redit encore une fois, et ce qu’elle a fait jusque-là relève de l’exploit. Personne ne peut le nier. Mais quand on veut analyser un résultat, il faut être objectif à même d’être sévère quand on sait que le joueur ou la joueuse est capable du meilleur. Les réactions virtuelles des gens fanatiques, loin de la réalité du tennis et scotchés à leurs claviers, ça n’a jamais aidé à avancer. Maintenant, à Ons Jabeur de réfléchir et de trouver la pièce du puzzle qui manque. On l’aimera toujours parce que c’est une énorme joueuse qui pouvait mieux faire franchement.